… ne doivent pas être utilisées lors de thérapies avec des clients présentant un trouble du spectre autistique :
- Le thérapeute peut (va) perdre le contrôle d'outils thérapeutiques tels que transfert/contre-transfert en raison de la manière radicalement différente dont les personnes autistes interagissent. Cette situation se produit généralement sans que le thérapeute comprenne qu'il/elle a perdu le contrôle. (L'effet se traduit parfois par ce que le thérapeute assimile à un contre-transfert difficile, ex. des sentiments de dégoût envers le client).
- Dans le cadre des paradigmes où ces théories sont utilisées, la connaissance du mouvement de défense des personnes handicapées se révèle médiocre. La sensibilisation à l'importance de développer une identité positive du handicap fait défaut, par exemple le fait d'avoir comme modèles de rôle positifs des personnes autistes plus âgées. On note également une absence de discussion éthique afin de déterminer si la façon utilisée par une majorité pour nouer des relations, doit être perçue comme étant la « meilleure ».
- Il y a de nombreux rapports émanant de personnes autistes de haut niveau victimes de mauvais traitements et de préjudices ou ayant l'impression de ne pas être écoutées ni comprises lors de traitements psychodynamiques. Dans la pratique, tous les cas faisant état de « succès » sont fondés sur des rapports de présentant uniquement le point de vue subjectif du thérapeute.
- Les théories psychodynamiques n'ont pas été élaborées pour des personnes présentant des psychismes radicalement différents pas plus que les outils fondés sur ces théories n'ont été conçus à cette fin. Cela signifie que la théorie de la relation d'objet, extrêmement populaire en Suède par exemple, ne sera pas applicable. Le même principe prévaut pour les interprétations symboliques ou l'utilisation de théories sur la projection et les mécanismes de défense. Certains psychothérapeutes ne reconnaissent néanmoins pas ce point de vue et estiment savoir ce qui se produit, comme cela transparaît dans les nombreux récits officiels ou non de personnes autistes et de leurs parents, alors qu'en fait ils n'en n'ont pas la moindre idée !
Veuillez noter que ceci ne signifie pas que la vie intime des personnes autistes est insignifiante ni qu'elles ne peuvent tirer profit (si elles disposent du niveau de fonctionnement approprié/QI) d'un soutien socio-psychologique. Cela signifie tout simplement que le conseiller doit faire fi des outils et théories psychodynamiques susmentionnés et se concentrer en lieu et place sur les sentiments, les pensées et les actions à un niveau plus concret. Cela implique également que le thérapeute dispose d'un niveau de connaissance de l'autisme (et des handicaps, plutôt que des maladies) approprié, mis à jour et détaillé. Il est également important de reconnaître que ce n'est pas et ne doit pas être l'autisme même qui est traité par le counseling (assistance socio-psychologique), mais les syndromes secondaires ou le fait de vivre avec l'autisme. Cela peut être comparé au soutien des personnes sourdes ou aveugles ; vous ne pouvez vous attendre à ce qu'elles entendent ou voient mieux des suites de leur traitement, mais devez veiller à ce qu'elles puissent faire face à l'existence, une existence qui intègre un handicap présent à vie.
© Gunilla Gerland, 1998.