Un autre regard sur le monde
'on évoque fréquemment le regard particulier des personnes autistes
sur le monde.
Luna TMG (« The Moon Girl »),
jeune femme aspie, photographe, en donne une étonnante démonstration.
Asperansa vous propose de découvrir son talent dans le livre, le calendrier et les cartes postales qu'elle édite. Un universitaire américain, Scott Standifer, a consacré un article et une communication lors d'un congrès à l'originalité du travail de Luna TMG.
Découvrir ou offrir une œuvre d'art à son entourage pour le sensibiliser au potentiel des personnes aspies, n'est-ce pas une bonne idée ?
Disponible le 12 avril 2013, le 2ème livre de Luna TMG : « Émotions recyclées / Recycling Emotions »
Deux après « À travers l'aquarium / Through the glass bowl », Luna TMG, artiste photographe aspie, découverte sur le forum d'Asperansa, publie son deuxième recueil de photos.
Toujours à l'affût de sujets insolites, d'atmosphères singulières, Luna expérimente sans arrêt de nouvelles formes de traitement d'images pour créer des tableaux photographiques.
À Dijon, Londres ou Lorient, elle continue d'écrire son autobiographie en images : lieux et objets abandonnés, reflets, nature onirique, foule invisible, autant de thèmes chers à Luna, réinterprétés par son clavier magique.
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Présentation
Luna TMG, artiste autodidacte, ne se sépare jamais de son appareil photo et jette sur son environnement le regard singulier d'une aspie *. Son style évolue constamment depuis la sortie de son premier ouvrage « À travers l'aquarium / Through the glass-bowl », en mars 2011.
Pour mettre en valeur ses thèmes préférés, Luna TMG utilise une gamme de plus en plus variée de procédés de retouche photographique. Ses hommages aux paysages urbains sont, une fois de plus, inspirés par sa belle ville de Dijon mais aussi par la principale destination de ses voyages : Londres.
Luna TMG a commencé à sillonner la France pour répondre aux invitations des associations œuvrant dans le domaine de l'autisme. La Bretagne, lieu de naissance d'Asperansa **, lui a inspiré de très belles photos maritimes. Ses voyages, en 2011 et 2013, dans la région de Lorient, lors d'expositions, ont été particulièrement fructueux.
L'artiste nous livre ici quelques éléments, permettant de mieux appréhender son travail et découvrir son paysage intérieur :
Comment choisis-tu les différentes « techniques » que tu utilises : superpositions, monochromie, effet aquarelle … ?
Quand je photographie quelque chose, ou un endroit, j'ai déjà, la plupart du temps, dans ma tête, une image du résultat final. Je fais en sorte, ensuite, de retravailler le cliché pour qu'il s'en rapproche le plus. Je sens quelle technique conviendra ou pas. Parfois, la photo m'échappeet je me retrouve, au final, avec un résultat qui a totalement dérivé de l'idée première mais qui est tout à fait innovant.
Quelle est ta technique préférée actuellement ?
En ce moment, je suis dans ma période « matière et texture » : je retravaille mon monde comme s'il était un tableau, la caméra devenant pinceau et l'écran de l'ordinateur, une toile vierge. J'avoue ne pas connaître grand chose au point de vue technique. Par exemple, pour représenter une tribu invisible (concept « lunatique » très présent dans cet ouvrage, notamment dans le chapitre « Escaliers secrets, passages dérobés, peuple invisible »), je travaille les expositions longues afin de gommer les gens ou les véhicules en les rendant à peine palpables, puisque c'est ainsi, parfois, que je ressens ma relation avec le monde extérieur. C'est une sorte d'autobiographie en images.
Quel type d'appareil photo utilises-tu ?
J'ai toujours travaillé, jusqu'à maintenant, avec des appareils de type familial, à moins de 150 euros pièce. Moins c'est compliqué, mieux c'est. Une petite évolution en fin d'année 2012 : d'un bridge Fujifilm 1er prix, je suis passée à un semi-pro, un × 10 de la même marque, compact, très performant, choisi spécialement pour moi par mon frère, photographe lui aussi. Il ne me quitte jamais, je l'emmène partout. Et pour une fois, chose rarissime de chez rarissime, j'ai commencé à lire le mode d'emploi, pour exploiter au maximum cette petite merveille.
Quels logiciels de traitement d'image utilises-tu ?
Les plus basiques, style Picasa, Photofiltre et Picmonkey en ligne. Je teste, en ce moment, deux autres logiciels payants qui me permettent de donner une profondeur à mon monde. Mais, chut, une magicienne ne peut révéler tous ses secrets !
Plusieurs thèmes sont récurrents dans ton œuvre, peux-tu dire ce qu'ils représentent pour toi ?
Bateaux et paysages maritimes : La liberté ! Je sors peu de ma Bourgogne quasi-natale. Aller au bord de la mer pour exposer, c'est un souffle d'air pur et une bonne occasion de ramener du « matériel » à retravailler. À Lorient, j'ai visité un incroyable cimetière de bateaux, c'était une plongée féérique au milieu de la rouille, de l'abandon … Un régal !
Londres : La liberté, BIS. J'ai eu le coup de foudre pour cette ville en découvrant la série des Sherlock Holmes de la Granada, avec Jeremy Brett, dans les années 80. Je suis très attachée à l'époque victorienne. Marcher dans Londres, des heures durant, c'est comme enfourcher la Delorean de Doc Brown (« Retour vers le futur ») et faire un saut dans le passé.
Objets et lieux abandonnés, détruits : Les lieux à l'abandon sont souvent les plus riches en émotion, ceux qui me touchent le plus. C'est une expérience plus intense que de photographier un lieu où il y a foule. « À l'abandon » ne signifie pas forcément mort ! J'offre une seconde vie à ces lieux ou ces objets du passé, je recycle et je transforme ! Je dois être une des seules à recycler des gobelets en plastique … Un de ces endroits est mon ancien lieu de travail, une crèche de Dijon (« End of an Era »).
Transports en commun : Comme mes repères spatiaux sont quelque peu fantaisistes, je ne conduis pas. Mes élans d'indépendance, je les dois au train. J'ai toujours aimé les gares, celle de St Pancras, à Londres, est, au point de vue architectural, une des plus belles que j'ai vues.
Carrosseries : Une voiture bien lavée, ce sont des reflets extras assurés ! Je suis très sensible aux reflets, je les vois comme une interprétation d'un monde jumeau, une sorte de pont entre deux univers.
Nature, feuilles : Mon œil attend avec impatience chaque début d'automne. Les feuilles ont des couleurs somptueuses qui font ressortir encore plus leur aspect de cartes au trésor. Donc, c'est propice à m'entraîner dans un monde fantastique et à le faire partager par la suite.
Escaliers, passages : J'ai un faible pour les escaliers anciens, des constructions qui « ont de la gueule », en bois, cirés ou pas, avec un joli colimaçon, prêt à nous entraîner bien haut : j'imagine tout un conte à broder dessus. Les passages représentent certainement mon envie de passer d'un monde à l'autre. Au cœur d'une ville, les gens ne prêtent plus attention à ces recoins sombres, sales. Pourtant, moi, j'en vois la beauté chaque jour.
* Aspie : « petit nom » sympathique s'appliquant aux personnes ayant un syndrome d'Asperger (forme d'autisme sans déficience intellectuelle).
** Asperansa : association finistérienne créée en 2005 pour informer sur le syndrome d'Asperger et accompagner les personnes autistes et leur famille. C'est sur le forum d'Asperansa que Luna TMG a fait ses premiers pas en tant que photographe : www.asperansa.org
Préface du livre
L'association Asperansa est née en février 2005 sous l'impulsion de parents d'enfants porteurs de formes particulières d'autisme : le Syndrome d'Asperger et l'autisme dit de « haut-niveau ».
Fin septembre, début octobre 2005 le forum internet d'Asperansa faisait ses premiers pas. C'est en octobre 2008 que Luna s'est inscrite et nous a rejoints. Nous avons très vite été touchés par cette jeune femme sensible, courageuse et peu « ordinaire » … Elle nous a fait partager son amour des chats, de la cuisine et de la photo …
Grâce à elle, le forum s'est considérablement enrichi … Sa sensibilité, sa clairvoyance ont beaucoup apporté à ceux qui voulaient mieux comprendre l'autisme. Elle est devenue une force vitale de ce lieu virtuel où, derrière les écrans, il y a de vrais gens qui, parfois, se sont rencontrés dans la vie réelle et ont lié amitié. Au fil du temps, nous l'avons poussée à exprimer son art, car nous sommes persuadés de son énorme potentiel créatif dans ses domaines de prédilection, notamment la photographie.
Nous avons été étonnés, émus et souvent éblouis par sa vision du monde. Elle n' a pas son pareil pour donner une atmosphère à chacune de ses photos. Grâce à son œil et à son talent, les choses ordinaires, que nous côtoyons sans les voir, ont révélé leur caractère poétique. Son travail sur les reflets a retenu l'attention d'un universitaire américain, Scott Standifer, spécialiste de l'autisme à l'âge adulte. En réponse à l'une de ses questions, Luna a répondu ceci :
Qu'est-ce que vos photos de reflets signifient pour vous ? Avez-vous essayé de montrer une scène décousue, confuse, mais intéressante ? Ou voulez-vous dire autre chose ?
Comme vous pouvez le voir, je suis hypnotisée par les reflets, c'est le genre de choses qui m'apportent beaucoup de joie et d'excitation. C'est très facile à comprendre : je tiens à mettre deux mondes en un seul, au même plan, dans une belle rencontre. Ces deux mondes ensemble sont incroyablement beaux. Suis-je en train de parler au sujet du monde neurotypique et du monde autiste (Je veux dire, la façon dont je suis en train de vivre). Je pense que cette réponse est en quelque sorte proche de la vérité.
Quand je prends la photo, je vois la plupart du temps les reflets avant la chose qui envoie le reflet … eh bien, je ne sais pas si vous pouvez comprendre ce que je veux dire. L'objet n'est pas aussi important que les reflets en fait (ce que je peux voir dans une flaque d'eau est si émouvant pour mon âme, je suis en fusion avec bonheur). Et vous pouvez prendre des reflets à partir des objets les plus insolites, comme les voitures, par exemple. Plus la voiture est propre, plus clair est le reflet, plus beau, c'est le monde derrière le reflet. Parfois, je me sens comme « Alice à travers le miroir ».
Ce livre a l'ambition de faire partager au plus grand nombre notre enthousiasme pour le talent et la vision du monde de Luna. Laissez-vous entraîner dans cet univers différent, à travers cet autre regard qui est le sien et comme nous, vous ne regarderez plus les « objets » après, comme vous les regardiez avant …
• Le calendrier format A4 : 15 € •
• À partir de 2 lots : 2,50 € chaque •
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Frais de port et emballage en sus
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