M. le Premier Ministre
Hôtel de Matignon,
57 rue de Varenne,
75700 Paris.
BREST, le 18 septembre 2008,
Copie à : M. Bertrand, M. Darcos et Mme Létard.
Monsieur le Premier Ministre,
Je me permets d'attirer votre attention sur plusieurs cas
de maltraitance caractérisées sur des personnes fragiles
dont vos services sont à l'origine sans qu'ils en soient responsables.
Je suis président d'une association de parents d'enfants autistes Asperger ou de haut niveau.
Ces enfants ont un handicap social marqué mais des fonctions intellectuelles intactes.
Ils relèvent, à ce titre, du plan autisme et du droit opposable à la scolarité
dont votre gouvernement doit se montrer garant.
La rentrée 2007 a été difficile pour nombre de parents.
Certains avaient l'attribution d'heures d'AVS accordées par la CDAPH
mais pas d'AVS alloué en regard par l'Éducation Nationale,
d'autres avaient une AVS mais pas à la hauteur des heures accordées.
La rentrée des classes est un moment clé dans la vie d'un enfant.
Les nôtres ne dérogent pas à cette règle, bien au contraire.
Nous avons été patients et avons écouté les explications des uns et des autres.
La rentrée 2008 s'est présentée sous les mêmes auspices.
Les mêmes problèmes et les mêmes conséquences ont traumatisé les parents et surtout les enfants.
Nous ne sommes pas dans une démarche pleurnicharde et mendigote,
nous revendiquons simplement le droit d'obtenir en bataillant
ce qui est obligatoire pour d'autres : l'école.
Les promesses ne sont pas tenues et les guerres intestines entre les divers financeurs
(Conseil Général et État) ne nous regardent pas.
Je ne rentrerai pas plus avant dans les détails de chacun,
mais je tiens des témoignages à votre disposition.
Sans aucun état d'âme, je vous signale simplement que nous attendons le mois qui vient
pour que certaines garanties d'un meilleur fonctionnement nous soient apportées par retour de courrier,
sans quoi nous porterons ces préjudices devant le tribunal administratif
en réclamant non seulement ce à quoi nous pouvons, à juste titre, prétendre
mais aussi les dommages et intérêts au titre du préjudice moral
pouvant s'apparenter à de la maltraitance qui découlent des lacunes de l'Éducation Nationale.
Une couverture médiatique sera mise en place.
Nous sommes fatigués. Vous ne pouvez malheureusement pas mesurer les difficultés,
les drames qu'entraîne le handicap au sein d'une famille.
Nous n'avons pas besoin de cette pression supplémentaire que vos services font peser sur nous,
non pas en exigeant des garanties mais en ne nous donnant pas ce qui doit nous revenir.
La veille de la rentrée nous ignorons bien souvent si notre enfant pourra être scolarisé.
Savez-vous que s'il ne peut pas intégrer le parcours scolaire classique,
il coûtera deux à vingt fois plus cher à la collectivité
que si il est accompagné par un(e) AVS, créant ainsi un emploi.
Imaginez la richesse que représente un enfant différent dans une classe pour les autres élèves.
Dans les zones dites sensibles on voit une baisse d'au moins 20 %
des agressions verbales et physiques quand on note l'intégration d'un enfant handicapé.
Combien de temps devra t'on encore justifier de la fonction sociale de nos enfants
et de leurs réelles possibilités à s'intégrer à l'issue d'une formation.
Une entreprise belge de programmation informatique n'emploie plus que des autistes
pour la vérification de leurs programmes.
Je reste à votre disposition, et suis prêt le cas échéant à vous rencontrer
pour vous expliquer les tenants et les aboutissants de nos problèmes.
Bien certain que vous saurez répondre rapidement à nos questions,
je vous prie d'agréer, Monsieur le Premier Ministre,
l'expression de mes salutations respectueuses.
Franck BARROIS,
Président d'ASPERANSA