Retour - Accueil

Dominique, 15 ans,
asperger heureux de vivre

D

ominique est né le 11 janvier 1992. La grossesse s'est passée sans problème, l'accouchement aussi. De sa naissance à ses huit mois, je n'ai pas connu de souci avec cet enfant, si ce n'est juste une petite chose quand il est rentré en crèche (il a fallu l'isoler pour dormir, et lui donner à boire dans un endroit isolé les premiers temps de son intégration). Après, c'était un enfant gai, heureux de vivre, que tout le monde adorait à la crèche.

Lors de son premier vaccin, petit souci, il a déclenché avec son trétacoq une mini-coqueluche. Au rappel suivant, autre problème : température pendant une semaine. S'en sont suivis des problèmes de santé continuels (otites à répétition, apparition d'eczéma, perte du sommeil…). De ses huit mois à ses 4 ans, c'est un enfant qui ne dormait pas la nuit (il hurlait sans arrêt, et s'endormait complètement épuisé, et moi avec d'ailleurs !!!!!!!). Autrement, il grandissait normalement, il a marché à 14 mois et demi, il était propre à 2 ans et demi. Je n'arrêtais pas de dire au médecin qui le suivait à l'époque qu'il avait un regard vide, qu'on aurait dit un autiste bien qu'il parlait, mais celui-ci me répondait qu'avec le temps, les choses rentreraient dans l'ordre.

À la crèche, il mordait, ne marchait pas, mais courait sans cesse. À 6 ans, son hyperactivité étant toujours aussi importante, son médecin a proposé qu'il soit mis sous Ritaline. À l'école, gros soucis, les maîtresses ne le géraient pas, je l'ai mis en privé, et là nouvel échec : il y a eu une saisine de faite par la maîtresse, d'où psychologue, etc.

À 6 ans, j'ai réussi à le faire intégrer dans un CP ordinaire, nouvel échec, il s'est donc retrouvé dans une CLISS, car l'inspecteur avait tout simplement interdit son retour dans l'école où il était inscrit. Dans la CLISS, bagarre continuelle avec les enseignants, qui voulaient le mettre en hôpital de jour, prétextant que Dominique perturbait la classe, qu'il était ingérable et qu'il lui fallait une prise en charge individuelle. J'ai toujours refusé les systèmes spécialisés pour mon fils, car j'avais l'intime conviction que cela le ferait plutôt régresser. J'avais cependant conscience que Dominique était différent (contrairement à son papa, qui refusait à cette époque cette réalité) : il n'avait pas de copains, il ne parlait que de techniques, sciences, jeux vidéo, et posait tout le temps des questions auxquelles je ne pouvais pas répondre ; il était hyperactif, et un médecin sur Paris pense même que Dominique souffrait d'un épilepsie partielle complexe. Bref, j'ai passé mon temps à aller voir tous les médecins que je pouvais pour comprendre ce qu'avait mon fils, mais on me disait qu'il fallait le laisser grandir, que les choses s'arrangeraient avec le temps.

Il a même fait partie d'une étude sur la communication, dont j'ai eu le rapport avec le diagnostic suivant : dysharmonie évolutive. Arrivé en dernière de CLISS, Dominique s'est fait un copain, et en rencontrant la maman de ce garçon, elle m'a expliqué qu'elle trouvait que Dominique avait beaucoup de points communs avec son fils qui venait d'être diagnostiqué ASPERGER. Sur ses conseils, j'ai donc rencontré un pédopsychiatre de Brest pour faire des examens plus approfondis de Dominique. Cette année là, on m'a proposé une orientation en hôpital de jour pour Dominique, car pour la maîtresse et l'infirmière qui le suivait, il était impossible d'envisager l'intégration de Dominique au collège, malgré ses capacités intellectuelles qui restaient celles d'un enfant de son âge. Solution que j'ai refusé une nouvelle fois : je préférais encore le garder à la maison et lui faire suivre les cours du CNED. Je me suis donc battue devant 11 personnes de la CDES pour que mon fils entre en 6ème, avec un aide de vie scolaire (j'avais la certitude que Dominique avait besoin de quelqu'un pour l'accompagner, et qu'il irait vers un échec sans cet accompagnateur pour le cadrer et l'aider).

Cette année là, Dominique a été diagnostiqué « enfant ayant le syndrome d'Asperger » par ce pédopsychiatre de Brest. Je suis heureuse aujourd'hui de pouvoir vous dire que j'ai eu entièrement raison, car son intégration a été un succès complet, tant pour lui que pour les enfants de sa classe et les professeurs qui l'ont suivi. Dans certaines matières comme les sciences de la vie et de la terre, il était même le meilleur de sa classe, il impressionnait les autres par ses connaissances et ses capacités de raisonnement. Un bilan neuropsychologique de Dominique a permis de découvrir des capacités transversales nettement au dessus de la moyenne (il a l'âge intellectuel d'un enfant de 17 ans) et la graphomorphologique d'un enfant très en dessous de la moyenne (il écrit et prend des notes comme un enfant de 7 ans).

Aujourd'hui, Dominique a 13 ans, il est en 5ème, et cela se passe très bien, puisqu'il a 14 de moyenne générale et qu'il a eu les encouragements du conseil de classe. Mais par contre, il y a un gros risque pour que l'AVS de Dominique soit supprimé l'année prochaine. Mais nous ne baisserons pas les bras, le collège, les enseignants, l'aide de vie scolaire et nous-mêmes, ses parents, mettrons tout en oeuvre pour que cela continue et que Dominique puisse trouver sa place dans la société dans laquelle il vit, et devenir autonome.

Nous avons aussi monté une association « ASPERANSA », avec des parents qui connaissent les mêmes problèmes que nous, et qui se battent tous pour l'avenir de leurs enfants, et qui aura son site sur Internet. Vous trouverez d'ailleurs le témoignage de ces parents sur le site. Dominique, aujourd'hui, est heureux de vivre, il plaisante, il a un copain, il travaille bien à l'école, et n'est pas celui qui cause des problèmes dans le collège où il suit sa scolarité. J'espère que ce témoignage sera porteur d'espoir pour beaucoup d'autres parents dans le cas de Dominique.

Malecka, maman de Dominique




Valid HTML 4.01! Revenir en haut de la page Valid CSS2!